On a tous pensé que papa avait été muté dans un
autre pays, mais la raison de notre départ était tout autre. En effet, il était
le cadet d’une famille aisée et influente dans le milieu des affaires en Côte
d’ Ivoire. Etant son pays d’origine, il avait décidé d’y effectuer de nombreux
investissements pour d’après lui assurer notre avenir. Il y avait une part de
vérité dans ce qu’il disait, sauf qu’il fallait reconnaitre que la recherche effrénée
du profit était son motivateur premier.
Le voyage avait pris plus de temps que prévu à s’organiser.
C’est donc le 02 Octobre que nous quittions Paris. Je laissai derrière moi mes
amis, mes joies, mes peines. Le vol se passa sans encombre. Arrivé à l’aéroport
International Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, la chaleur qui nous accueillit
était indescriptible. Il faisait si chaud qu’il m’était difficile de respirer
correctement. L’air était lourd. On passa les formalités d’immigrations assez
rapidement vu qu’on possédait la double nationalité. Une luxueuse voiture nous
attendait déjà devant l’aéroport, on s’y installa et elle s’engouffra dans les
rues lumineuses et animées d’Abidjan. C’était la première fois que je venais en
Côte d’Ivoire. J’étais émerveillée par toute cette ambiance. J’imaginais déjà
tout ce que je pouvais faire ici.
Notre nouvelle maison se situait dans la commune de
Cocody. Elle était immense, contrairement à notre appartement de Paris. Elle
comportait deux niveaux et un immense jardin avec piscine. Dans l’entrée, l’attention
se portait directement sur un lustre en Crystal assez imposant suspendu au
plafond. Le rez-de-chaussée était composé de trois salons, d’une salle à manger
et d’une très grande cuisine ; pour le plus grand bonheur de ma mère.
Le premier étage était destiné à la famille. Il y
avait quatre chambres et un salon privé. Dans le jardin, d’abord sur la terrasse,
on pouvait trouver une salle à manger en rotin et un salon du même matériau,
sûrement destiné aux week-ends en famille. Des dépendances avaient été construites
pour les invités potentiels. On pouvait voir à quel point l’accent avait été
mis sur le confort pour satisfaire nos hôtes. Ils avaient même leur propre
salon !
La nuit fut longue, et même très longue. J’avais du
mal à m’endormir. Je repensais aux récents évènements et j’appréhendais d’être
inscrite dans une nouvelle école ou je ne connaissais personne. En plus, je devais
reprendre mon année vu que je n’avais pas terminé les cours. Mon frère et moi
serions alors au même niveau, puisqu’il avait une année de retard.
Ce qui me rassurait, c’est que j’en étais à ma
dernière année de lycée et je pourrai très vite retournée à Paris pour mon cursus
universitaire.
Le réveil fut assez difficile pour moi. Je suis donc
restée au lit jusqu'à 14h. Quand je descendis, je vis une jeune femme d’environ
mon âge. Elle devait sans doute être une aide ménagère, vu son uniforme.
-Bonjour petite patronne, me fit-elle.
Son expression me fit rire, je trouvais ça bizarre.
-Moi c’est Jazmine, lui lançai-je en lui tendant la
main. Elle me scruta quelques secondes incrédule, avant de me sourire. Je me
suis dis qu’elle se gênait surement.
-Vous ne savez pas ou sont mes parents et mon frère ?
-Monsieur et Madame sont sorti ce matin, votre frère
est à la piscine.
-Ok je vais aller le voir.
-Bien madame.
-Ne m’appelez pas comme ça, Jazmine suffira, dis-je
en souriant avant de la quitter.
Stéphane était effectivement au bord de la piscine.
Je ne savais pas s’il cherchait à bronzer, mais je le trouvais assez foncé à
mon goût.
-Bonjour petit frère !
-Ca va mon cœur ? dit-il en me faisant un
bisou.
Stéphane et moi sommes très proches. On ne faisait
rien sans l’autre. On s’adorait littéralement. On nous a souvent pris pour un
couple.
-Je sort un peut, lui dis-je.
-Tu veux que je t’accompagne ? m’interrogea-t-il.
-Non ça ira, je préfère être seule.
-Ne reste pas trop longtemps alors.
Je franchissais le portail de la maison et me
retrouvais en face d’un monde inconnu. Le quartier où nous vivions était très
calme. Les maisons étaient toutes plus grandes les unes que les autres. On
pouvait voir ça et là, des nounous qui promenaient les enfants de leurs
patrons. Elles arboraient fièrement leurs uniformes, roses pour certaines et bleus
à carreaux pour les autres. Au centre de la cité, il y avait un grand jardin,
avec des installations pour les promeneurs et une aire de jeu pour les enfants.
Elle était constituée de toboggans, de balançoires et d’autres attractions dont
j’ignorais le nom. Je me disais que la vie ici devait être paisible. Quand tout
à coup j’entendis le vrombissement d’une moto et une voix qui me criait : « DEGAGER LE PASSAGE !! » d’un air
féroce.
{Qui est ce semeur de trouble ?}
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